Le DG du journal Le Soleil a porté plainte contre moi : voici toute l’histoire

Oui, vous avez bien lu. Le Directeur Général de la Société sénégalaise de Presse et de Publications (SSPP), société éditrice du journal Le Soleil, a porté plainte contre moi. Et si vous me suivez souvent sur ce blog, vous devinerez aisément quel est l’objet de la plainte. Il s’agit, en effet, du nom de domaine soleil.sn que j’exploite depuis quelques années.

Je vous explique toute l’histoire aujourd’hui : comment tout cela s’est déroulé et comment cela s’est terminé (ou pas).

Tout a commencé un matin du 28 février 2025. Je remarque que mon site soleil.sn ne fonctionne plus. Il était hors ligne. De mon côté, impossible d’accéder à l’interface d’administration, ni directement, ni indirectement via le serveur. Je contacte alors le support technique de mon hébergeur Hostinger pour comprendre ce qui se passe. Ce dernier réagit rapidement. Au passage, je les remercie pour leur réactivité. Chaque fois que je fais appel à eux, il ne tradent pas. De plus, les performances sont au rendez-vous. Je vous les recommande pour héberger vos sites.

Après vérification, donc, le support m’explique que ce n’est pas un souci d’hébergement, mais un problème de propagation des DNS. En d’autres termes, le problème viendrait directement du gestionnaire du nom de domaine, OVH.

Je me tourne donc vers OVH, en pensant pouvoir régler cela rapidement. Mais à partir de là… c’est le début d’un véritable calvaire.

Impossible d’obtenir des réponses claires. Je tombe d’abord sur des chatbots automatiques qui me servent des réponses toutes faites, incapables de prendre en compte ma situation spécifique. Entrer en contact avec un humain devient un véritable parcours du combattant. Eh oui, c’est l’une des limites de l’IA : elle est partout, mais loin d’être toujours à la hauteur quand il s’agit de cas un peu particuliers.

Quand enfin un conseiller humain me répond, on me demande d’envoyer des pièces d’identité pour prouver que je suis bien le titulaire du domaine. Je m’exécute immédiatement, pensant débloquer la situation.

Mais après ça ? Silence total. Aucune réponse concrète. Aucune explication précise sur ce qui s’est passé. Juste des copier-coller de messages génériques comme ceux-là :

Bonjour,

Un de nos spécialistes a commencé le traitement de votre demande d’assistance ——- : Domaine – Incident propagation. 
Il vous apportera une réponse dans les plus brefs délais.
Cordialement,

Bonjour Monsieur Arouna,
Nous sommes navrés pour la situation rencontrée.
Je viens de remonter votre demande vers la cellule concernée.
Je vous prie de bien vouloir patienter.
Bonne journée.

Mais patienter jusqu’à quand ???

Plusieurs jours déjà, plus de trois relances, plusieurs tickets ouverts… Et malgré tout cela, vous êtes toujours incapables de me fournir la moindre explication sur les raisons pour lesquelles mon domaine a cessé de fonctionner du jour au lendemain. À moins, bien sûr, que vous ne me cachiez quelque chose…

Décidément, OVH… David Chelly avait raison à votre sujet. Cet expert français, très respecté dans le milieu du domaining, a souvent alerté concernant OVH :

– très bon pour l’hébergement,
– mais catastrophique pour la gestion des noms de domaine.

Selon lui, en cas de conflit, OVH n’hésite jamais : elle prend systématiquement le parti du plus fort — grandes entreprises, institutions, États — au détriment des petits propriétaires comme moi. Et c’est exactement ce qui m’est arrivé.

Après plusieurs jours d’insistance, je finis enfin par obtenir une réponse claire :

Bonjour Madame, Monsieur,
Après vérification, je vous informe que vous faites l’objet d’une plainte actuellement en cours d’étude.
À titre conservatoire, nous avons bloqué la résolution du nom de domaine.

On me conseille ensuite de me rapprocher de NIC Sénégal, le gestionnaire de l’extension .SN, pour en savoir plus.

Je contacte donc NIC Sénégal par mail, et cette fois, la réponse est rapide et limpide :

“Nous avons bloqué à titre conservatoire la résolution du nom de domaine suite à une plainte reçue de la part du Directeur Général de la Société sénégalaise de Presse et de Publications (Le Soleil).”

On m’explique que dans la plainte, il m’est reproché :

– d’usurper le site officiel du quotidien Le Soleil en reprenant la charte graphique et ses éléments distinctifs ;
– d’avoir cherché à revendre le nom de domaine au quotidien Le Soleil.

On me demande alors de m’expliquer sur ces points pour envisager une éventuelle restitution du domaine. Non sans me rappeler que “l’article 12 de la charte de nommage ne confère au titulaire qu’un droit d’usage, et non de revente”. Un article que, je l’avoue, je ne connaissais pas… mais que je trouve, au passage, plutôt absurde. La revente de noms de domaine est une pratique plus que répandue dans notre milieu. Mais passons.

Voici donc la réponse que j’ai adressée à NIC Sénégal, dans le but de :

– démontrer que le premier reproche avancé par le DG du journal Le Soleil est tout simplement infondé ;
– me justifier sur la question de la revente du domaine ;
– et réclamer la restitution de ce dernier.

Cher Monsieur ……,

Je vous remercie pour votre message et pour l’opportunité de clarifier les points soulevés dans la plainte du directeur général du quotidien Le Soleil. Je souhaite répondre en toute transparence et bonne foi aux deux griefs mentionnés.

  1. Concernant l’accusation d’usurpation de charte graphique

J’ai enregistré le nom de domaine soleil.sn en le 02 mars 2023 via OVH, à une période où ce domaine était libre et ne figurait pas parmi les termes réservés. Et à ma connaissance, « Soleil » n’était pas une marque déposée au Sénégal à ce moment-là.

NIC Sénégal Termes réservés

Mon projet était de créer un agrégateur de contenus d’actualité généré par intelligence artificielle que je monétise via des les régies publicitaires. Il me servait également de site de test pour étudier le comportement des contenus IA dans les résultats de recherche Google dans le cadre de mes travaux en SEO. A ce moment là, le site du quotidien Le Soleil n’était pas encore fonctionnel dans sa version actuelle. Leur nouveau site a été lancé seulement en début décembre 2024, soit près de deux ans après. Il est donc factuellement impossible que j’aie pu m’inspirer d’une interface qui n’existait pas encore.

Je vous fourni des captures d’écran des deux sites (mon site et celui du quotidien Le Soleil). A mes yeux, il n’y a vraiment aucune ressemblance, tant dans l’identité visuelle, le logo, que dans la structure ou le design.

soleil.sn
le site Soleil.sn

 

lesoleil.sn
le site Lesoleil.sn

Je reconnais néanmoins la similarité entre les deux noms de domaine et le fait qu’elle ait pu créer une confusion auprès de certains internautes, d’autant plus que mon site avait réussi à bien se positionner sur certaines recherches Google grâce à son référencement naturel.

Cela dit, je considère que la ressemblance est encore plus marquée avec le site du quotidien québécois LeSoleil.com, qui existe depuis 1998.

Au passage, à l’époque, le site ressemblait à ceci :

2. Tentative de revente du domaine

Effectivement, le 12 août 2024 (donc plusieurs mois avant la mise en ligne du nouveau site du quotidien), j’ai pris l’initiative de contacter l’un des rédacteurs en chef du journal (à défaut d’avoir les contacts du DG) pour leur proposer de racheter le domaine.

Mon intention était double sinon triple à ce moment là : mettre fin à mon activité d’agrégateur de contenus d’actualité, éviter toute confusion future auprès du public et aussi essayer de récupérer une partie de l’investissement fait sur le domaine et son référencement. Je souhaitais qu’ils récupérent le domaine et de le rediriger vers leur site officiel. Mais je n’ai pas eu de réponse à l’époque.

Je reconnais humblement aujourd’hui que l’article 12 de la charte de nommage m’avait échappé à propos de domaines en .sn. Mais cette démarche n’était pas malveillante. Le rachat et la revente de noms de domaine est une pratique très courante dans le milieu du SEO, notamment en France que je connais bien. Par exemple, je suis propriétaire du domaine senegal-logistique.net depuis 2013, que j’ai récemment cédé à une plateforme française spécialisée en netlinking. Dans ce métier, il est courant d’acheter, développer puis revendre des sites ou des domaines expirés, avec la célèbre plateforme DropCatch.com par exemple.

Depuis son enregistrement, j’ai travaillé sur le domaine soleil.sn pour améliorer la visibilité et les performances SEO, atteignant des métriques comme un Trust Follow de 21 et un Citation Folow de 26. Cela lui confère une vraie valeur SEO et c’est un investissement de près de deux ans que je souhaite préserver.

C’est pourquoi je souhaite récupérer l’usage du domaine, mais en changeant totalement son projet pour éviter toute confusion. Il ne sera plus un agrégateur d’actualités, ni un magazine en ligne, ni un blog d’information. Il sera clairement différent, sans aucun lien avec le secteur de la presse ou de l’actualité.

Je reste bien entendu à votre disposition pour toute information complémentaire et je suis prêt à collaborer de bonne foi afin de trouver une solution satisfaisante.

Finalement, malgré ces explications, NIC Sénégal a décidé de reprendre le domaine et reverser le mot “soleil” dans les termes réservés. Sans aucune contrepartie en plus. Décision un peu surprenante quand même car je pensais que le domaine me serait restitué à condition de changer la thématique du site. Mais bon ! Je prends acte (pour le moment). Yalla bakhna !

Même si je perds aujourd’hui le domaine soleil.sn, je ne regrette pas cette aventure. Elle m’a permis d’apprendre encore plus sur les subtilités du web dans notre pays et de mieux me préparer pour mes futurs projets.

Et justement, à partir de cette expérience, j’ai pris deux grandes décisions :

1. J’arrête définitivement d’enregistrer des noms de domaine chez OVH

J’ai trouvé la gestion de ce problème franchement limite. Obtenir des informations précises et transparentes a été extrêmement difficile, comme si personne ne voulait me dire les choses clairement. Sans ma persévérance, je n’aurais probablement jamais compris ce qui s’était réellement passé. Et honnêtement, OVH défend très mal ses clients. C’est regrettable, mais en matière d’enregistrement de noms de domaine, le client n’est clairement pas roi.

Si je devais recommander une alternative, ce serait NameBright : un registrar américain chez qui j’ai des domaines depuis plusieurs années. Là-bas, le client est véritablement respecté, et leurs engagements en matière de liberté et de protection des droits du client sont pris très au sérieux. Ahh ! ces américains et leur mentalité… li motakh ma fan lèn !

2. J’arrête également d’enregistrer des domaines en .SN.

D’abord, l’extension .SN coûte trop cher, par rapport aux extensions génériques (gTLD) comme .com, .net ou .org. Mais surtout, avec un domaine en .SN, vous n’avez pas vraiment une garantie de pérennité de votre site. En cas de litige, NIC Sénégal peut suspendre votre nom de domaine sans même vous en informer. Ce qui, soit dit en passant, va à l’encontre de leur propre charte, qui prévoit que le titulaire doit toujours être prévenu avant toute coupure.

Dans mon cas, les conséquences ne sont pas si dramatiques, même si je vais encore perdre de l’argent dans cet histoire… Mais imaginez une seconde si cela était arrivé à un site e-commerce générant plusieurs milliers de francs CFA par jour : le manque à gagner serait bien plus catastrophique. Sénégal daal, moy lolou…

Mais bon, c’est cela, le jeu de l’entrepreneuriat : on gagne, on perd, mais surtout, on apprend énormément.

Et vous savez quoi ? Le soleil se couche parfois… mais il finit toujours par se relever quelque part. Et il brille pour tout le monde. 🌞

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